Œuvre exposée au Carreau de Cergy (2015)
Phileas Fogg & the Jetlag. 2015.
Installation in situ, sacs plastiques de récupération, poubelle, ventilateur.
Prêt de l’artiste.
L’une des incarnations littéraires du voyage les plus populaires, la Montgolfière de Phileas Fogg ,se voit ici réinvesti par la poétique de Régis-R, dans une installation toute en suspension et faite de sacs et films plastiques de récupération.
Evoquant la chute du célèbre livre de Jules Verne où le héros remporte son pari grâce au décalage des fuseaux horaires, la montgolfière devient l’emblème de ce déplacement dans le temps et l’espace. Phileas Fogg effectue en effet un voyage où bien que départ et destination soient identiques, il vivra de nombreuses aventures et en reviendra différent : son trajet de par le monde devient initiatique et il revient avec une épouse. Le moyen de transport par l’envol en devient une interprétation allégorique du laps et du changement d’état qui peut se nicher dans l’interstice.
Dans sa mise en œuvre, Régis-R coordonne les temporalités et cette histoire trouve également un autre écho. Objets abandonnés, en déshérence, destinés au rebus prennent une seconde vie entre ses doigts. Dénués de leur fonction primaire, ils deviennent couleurs, formes, volumes dans un collage tridimensionnel et redeviennent ensemble une nouvelle image – ici, la montgolfière -, sans pour autant dissimulés leur identité passée.
Œuvre exposée à la Fondation Vasarely (2014)
Love is a question of time. 2014.
Installation in situ, panneaux bois, peinture dessin à la craie, horloges, collection personnelles de montres.
Dans une société qui a rejeté au banc des accusés la matière plastique, Régis-R, lui, la récupère, la collecte, moins pour la recycler que la réemployer, sans détournement, mais simplement pour ses propriétés formelles et ses qualités chromatiques, au bénéfice d’une poétique combinatoire de débris d’objets abandonnés.
Sur ce double panneau noir aux accents presque scolaires, autour de l’amour et du temps, s’organisent, dans un collage tridimensionnel, divers objets dont une collection de montres de tous âges, des horloges aux différents fuseaux horaires, tous marqués de l’usage et l’usure du temps mais reliés ensemble dans la calligraphie dansante des paroles de Charles Aznavour (Le temps) et Cindy Lauper (Time after time), icônes générationnelles de la culture populaire. Le lettrage à la craie, au risque de disparaître, y devient un motif supplémentaire qui ,dans les mots, soudent les images entre elles pour devenir un autre moyen d’appropriation du monde.
Criant une évidente conviction environnementale, la démarche de Régis-R redonne tout son sens originel au mot « plastique » : celui de la malléabilité, celui de l’intelligence qui associe l’œil et la main pour, en un geste, créer. Le neuf n’est plus nécessaire, le laisser-pour-compte et la péremption n’ont plus lieu, dès lors qu’on sait porter un regard bienveillant et pourvue d’imagination.
Le temps passé
Celui qui va naître
Le temps d’aimer
Et de disparaître
Charles Aznavour, Le temps
If you fall i will catch you i’ll be waiting
Time after time
Cindy Lauper, Time after time
Régis-R
Né en 1973 à Bordeaux. Vit et travaille à Paris.
Formé aux Arts Décoratifs de Paris (ENSAD), Régis-R semble en avoir gardé le goût de l’objet dans toute son humilité et sa plasticité propre. Par un jeu subtil de transformations, il sait faire glisser le coup d’œil quotidien vers le regard attentif, celui qui s’arrête sur l’extraordinaire. Dans une société de consommation outrancière du plastique, Régis-R, Prince of plastic de son surnom, lui, le récupère, le collecte, pour ses formes, ses couleurs, moins le recycler que le réinvestir d’un nouveau rôle, dans une nouvelle poésie de l’assemblage faite des débris d’objets abandonnés.
Sur le ton de l’humour et le registre de la culture populaire, les installations de Régis-R présentées à Milan (Biennale du Design), à Paris (Galerie Peyroulet, Galerie W, Since Gallery, Centre Pompidou), au Luxembourg (Mudam), en Californie (Creative Growth Center) et ailleurs ainsi que ses collaborations diverses (Mama Shelter, Paradis du Fruit, miss Kô, Ma Cocotte ) avec notamment StarCk et Peter Marino, sont autant de prises de consciences que d’interrogations de nos comportements et leur devenir.