Rero


Œuvre exposée au Carreau de Cergy (2015)

Sans Titre (Time Error Recovery). 2014.
Installation in situ, 8 horloges anciennes, lettres vinyles.
Courtesy Backslash Gallery, Galerie Paris Beijing Paris.

Sur cette suite d’horloges populaires, la phrase rayée Time Error Recovery (Récupération d’erreur dans le temps) rappelle les messages s’affichant sur notre ordinateur lors de la restauration des fichiers systèmes à un point antérieur. Rero semble ici interroger le temps comme notion devenue simple donnée. Entre précision horlogère traditionnelle incarnée par le coucou suisse et imparable mise à jour informatique, cette rayure évoquerait tout autant la capacité du temps à nous échapper. Au delà des possibles faiblesses des systèmes de mesure suggérés, les ajustements du temps intercalaire – ajouts ou retranchements réguliers entre Temps Universel et Temps Universel Coordonné – nous rappellent que, même intégrées par les nouvelles technologies, le temps échappe véritablement à sa maitrise et son contrôle par l’humain.

 
Œuvre exposée à la Fondation Vasarely (2014)

Sans Titre (NowNowNow). 2014.
Installation in situ, bois, polystyrène extrudé et socles de chantier.

Courtesy Backslash Gallery, Paris.

Rero now

Clin d’oeil à l’art urbain par lequel il s’est fait connaître, l’artiste français Rero a naturellement investi la sphère publique, à l’extérieur de la Fondation Vasarely, en intervenant sur le bassin, au ras de l’eau.
Son travail qu’il qualifie de « nature morte »  consiste à composer une nouvelle image grandeur. L’artiste choisit un environnement, un point de vue dans lequel il dispose ses mots comme pour légender le paysage, en donner une nouvelle lecture et dont il ne gardera qu’une photographie.

Ces « lettres enseignes » rappellent les fameuses lettres hollywoodiennes aux vertus commerciales et promotionnelles, à ceci près que les mots formés relèvent bien de la punchline, au sens propre (« line » et « punchy ») de la réplique comique et percutante qui ponctue la «chute» d’une histoire drôle ou d’un dialogue de comédie. Le message uppercut rédigé en caractère Verdana, police impersonnelle créée en réponse aux besoins typographiques des nouvelles technologies, se voit barré, sans concession, interrogeant son sens intrinsèque, son rapport au contexte, au réel, dans la nouvelle situation illusionniste qu’il instruit. «Now Now Now» sonne comme un ordre et devient silencieux, ou plus criant par sa rayure : injonction, suppression du sens ou suggestion de son contraire?

Le dialogue s’installe indubitablement avec l’environnement. La locution, sommant un présent nié, répond à une façade marquée de l’esthétique identifiable des années 70. Caractères élémentaires et répertoire de formes primaires juxtaposent des époques soucieuses d’une même efficacité visuelle.
Pourtant si la Fondation fut bâtie pour traverser le temps, cette intervention de Rero est, elle, pensée comme éphémère. Elle évoluera au gré du vent et au fil du temps pour peut-être laisser apparaître d’autres sens encore : «WWW» pour World Wide Web, «NONONO» comme tentative d’arrêter le temps…

RERO

Né en 1983. Vit et travaille à Paris.

Formé à la sociologie, l’économie, aux arts plastiques et plus particulièrement au graphisme, Rero est un activiste de la rue et interventionniste du paysage.

A mi-chemin entre art urbain et art conceptuel, il interroge le contexte de l’art, les codes de l’image et de la propriété intellectuelle à travers un acronyme qui apparaît régulièrement dans ses œuvres WYSIWYG (What You See Is What You Get), rapidement erigé comme une devise.
Ses messages, en police Verdana pour son caractère impersonnel et lié à la course effrénée des nouvelles technologies, se voient barrés sans concession, interrogeant leur sens intrinsèque ainsi que leur rapport au contexte, au réel, dans la nouvelle situation illusionniste qu’ils créent. Dans un geste de détournement et d’auto-censure, ses recherches touchent à la négation de l’image tout en la mettant en cause.

Rero a présenté ses œuvres dans de nombreuses institutions publiques comme le Centre Georges Pompidou, Le Musée en Herbe, le Musée de la Poste, Confluences à Paris ou encore l’Antje Øklesund de Berlin. Plus récemment, son travail a bénéficié de nombreuses expositions en France, aux Etats-Unis, en Italie, en Allemagne et en Suisse.

www.reroart.com